lundi, avril 25, 2005

Le vieux qui lisait des romans d'amour de Luis Sepúlveda

Fiche:
Titre: LE VIEUX QUI LISAIT DES ROMANS D'AMOUR
TITRE ORIGINAL: Un viejo que leia novelas de amor
Auteur: Luis Sepúlveda
Traduit de l'espagnol (Chili) par François Maspero
Catégorie: Roman et fiction
Editeur Points P70
Nombre de pages: 121 pages
ISBN: 2.02.023930.2

Prix Relais H du roman d'évasion 1992
Prix France Culture étranger 1992



A travers des différents personnages, ce livre nous offre un récit de la vie dans la forêt amazonienne.

D'abord "le vieux" comme il est surnommé dans le titre de l'ouvrage, est un marginal de la société entraîné malgré lui dans une aventure dans cet environnement hostile et sauvage qu'est la forêt amaonienne.

Il y laisse son épouse, emportée par la malaria.

Par la suite il s'est lié d'amitié avec les indigènes, les Shuars. Ceux-ci lui ont appris à survivre dans la forêt, à chasser et à dominer les éléments naturels.

Par un hasard des circonstances, il découvrit pour la première fois de sa vie le plaisir de lire.

La lecture devint pour lui un passe-temps, surtout celle des "romans d'amour bien tristes, avec des souffrances terribles et un happy end …"

Ensuite "le gros", un maire villageois corrompu et pourri jusqu'aux os (comme la majorité des maires dans toutes les contrées, ici et par ailleurs, hélas !). Cet ignoble personnage, bête et en même temps lâche, interfère dans la vie du "vieux" pour corser le récit. Ni plus ni moins.



Enfin "le chat", un fauve moucheté, animal aguerri et futé. "Le chat" tue les gens sur son passage, déjà au début du récit.


Dans le courant de l'histoire nous découvrons enfin les mobiles de sa haine envers les êtres humains.

S'ensuit une folle poursuite entre l'homme et le fauve. Mais lequel des deux chasse l'autre ?

Seule le dénouement surprenant de l'histoire nous apprend la véritable motivation de cette bête.

Sans oublier, qu'en arrière fond, l'auteur nous dévoile par ci par là, au cours des aventures "du vieux", les charmes de cette région sauvage, ainsi que la vie et les moeurs des Shuars.

Assez émouvant à la fin. C'est presque un hymne à la vie, et à l'amour de la nature.

Ce premier roman de l'auteur est dédié à Chico Mendez, dont Sepúlveda a partagé la lutte.
Je ne peux que vous recommander ce livre, qui se lit très rapidement.

Ma notation: 8/10



Les passages qui m'avaient le plus plu:

Antonio José Bolivar Proaño savait lire, mais pas écrire.
Il lisait lentement en épelant les syllabes, les murmurant à mi-voix comme s'il les dégustait, et, quand il avait maîtrisé le mot entier, il le répétait d'un trait. Puis il faisait la même chose avec la phrase complète, et c'est ainsi qu'il s'appropriait les sentiments et les idées que contenaient les pages.
Quand un passage lui plaisait particulièrement, il le répétait autant de fois qu'il l'estimait nécessaire pour découvrir combien le langage humain pouvait aussi être beau.
Il lisait en s'aidant d'une loupe, laquelle venait en seconde position dans l'ordre de ses biens les plus chers. Juste après le dentier.

Ce dernier point l'intéressa. L'amour, il n'en connaissait que ce que disent les chansons, particulièrement les pasillos que chantait Julito Jaramillo, dont la voix, issue des quartiers pauvres de Guayaquil, s'échappait parfois d'une radio à piles et rendait les hommes mélancoliques. Ces chansons-là disaient que l'amour était comme la piqûre d'un taon que nul ne voyait mais que tous recherchaient.

L'institutrice, qui ne partageait pas tout à fait ses goûts, lui permit de prendre le livre pour retourner à El Idilio, où il le lut et le relut cent fois devant sa fenêtre, comme il se disposait à le faire maintenant avec les romans que lui avait apportés le dentiste et qui l'attendaient, insinuants et horizontaux, sur la table haute, étrangers au passé désordonné auquel Antonio José Bolivar préférait ne plus penser, laissant béantes les profondeurs de sa mémoire pour les remplir de bonheurs et de tourments d'amour plus éternels que le temps.

L'AUTEUR

Luis Sepúlveda



Écrivain chilien vivant en Espagne. Son premier roman Le Vieux qui lisait des romans d'amour traduit en 35 langues lui a valu une renommée mondiale.

Né le 4 octobre 1949 à Ovalle, dans le nord du Chili, il milite très jeune au sein des Jeunesses communiste. Étudiant, il est emprisonné en 1979 sous le régime de Pinochet.

Libéré contre huit ans d'exil en Suède, grâce à l'intervention d'Amnesty International, le jeune homme descend de l'avion à Buenos Aires et entreprend de sillonner le continent.

Il séjourne dans divers pays d'Amérique du Sud (Équateur, Pérou, Colombie, Nicaragua). En 1978, il passe un an chez les Indiens Shuars dans le cadre d'un programme de recherche de l'UNESCO.

Il part ensuite pour Europe et s'installe en 1982 à Hambourg où il passe 14 ans. "Les raisons pour lesquelles Luis Sepúlveda, est venu se fixer à Hambourg sont plutôt diverses. Parmi elles un goût prononcé pour les romantiques allemands, l'envie de lire Marx et Engels dans le texte, un long séjour en prison qui lui a laissé des loisirs pour apprendre les langues étrangères, ou tout simplement le fait que c'est la section allemande d'Amnesty International qui a réussi à le faire sortir des geôles de Pinochet. Sans elle, il y serait encore puisque, après le putsch de 1973, Sepúlveda a été condamné à vingt-huit ans de prison, peine commuée au bout de deux ans et demi en huit ans d'exil. Sepúlveda passe d'abord quelques années en Equateur où il fonde, à Quito, une troupe de théâtre dans le cadre de l'Alliance française, puis au Nicaragua où il s'engage dans la brigade internationale Simon Bolivar, avant de venir s'établir en Europe."

En 1996, il s'installe dans les Asturies (au nord de l'Espagne) à Gijón.

Au talent d'écrivain s'ajoutent ses engagements politiques contre les séquelles laissées en Amérique du Sud par les dictatures militaires, en faveur de l'écologie militante, des peuples premiers. Il milite aussi contre le racisme et la xénophobie en Europe. Il écrit des chroniques régulières dans El País en Espagne et dans divers journaux italiens.

Lien:
Le témoignage de l'auteur pour Amnesty International

Ses autres œuvres:

Le Monde du bout du monde (Métailié, 1993; Le Seuil, 1995) : Une sorte de polar écologiste où l'on voit un journaliste chilien de Hambourg revenir dans son pays pour enquêter sur le mystérieux naufrage d'un baleinier industriel japonais dans la région de la Terre de Feu.

Un Nom de torero (Métailié, 1994; Le Seuil, 1996) : Un polar austral mettant aux prises d'anciens agents secrets allemand et une compagnie d'assurance pour un trésor qui serait caché en Patagonie.

Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler (Métailié-Le Seuil, 1996) : Une mouette empoisonnée par une nappe de pétrole, confie juste avant de mourir son œuf à un chat. Elle a toutefois le temps de lui faire promettre d'en prendre soin jusqu'à son éclosion et d'apprendre à voler au nouveau-né... Un livre pour enfants écrit par l'écrivain chilien en exil à Hambourg.

Le Neveu d'Amérique (Métailié , 1996; Le Seuil, 1998) : Un récit autobiographique romancé. L'auteur raconte comment, suite à une promesse faite enfant à son grand-père de retrouver la famille éparpillée et de revenir un jour sur la terre de ses ancêtres en Andalousie, il parcourra l'Amérique du Sud pendant plusieurs années, rencontrant des personnes aux destins singuliers avant d'atteindre son but.

Rendez-vous d'amour dans un pays en guerre (Métailié, 1997; Le Seuil, 1999) : Un recueil de 27 nouvelles relatant chacune un destin singulier, souvent désenchanté.

Journal d'un tueur sentimental (Métailié, 1998) : Parodie d'un roman noir, six journées de la vie d'un tueur, de la Turquie au Mexique, à la poursuite d'une cible fuyante. L'histoire sentimentale d'un tueur professionnel perturbé par la rencontre d'un Française.

Yacaré suivi de Hot Line (Métailié, 1999) : Deux nouvelles policières.

Les Roses d'Atacama (Métailié , 2001) :Une sorte de carnet de voyage où l'auteur fait les croquis de ses rencontres : 34 portraits se succèdent, autant de destinées singulières, en particulier ceux qui « se sont fait baiser, ceux qui perdent sans qu'on leur ait demandé s'ils voulaient perdre » (recueil de nouvelles).


PS1:
Si j'ai pu accéder à ce livre, c'est grâce à l'amabilité d'Isandre qui me l'avait passé. Je vais le lui rendre lors de notre prochain meet-up à Genève le 4 mai (premier mercredi de chaque mois) pour qu'elle le lâche quelque part dans la nature …


PS2: Isandre vient de me dire que je peux le lâcher. Donc s'il vous intéresse, écrivez moi. L'icône pour me contacter se trouve dans la colonne de gauche de ce blog.

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