jeudi, mars 31, 2005

Balzac et la petite tailleuse chinoise de Dai Sijie

Fiche
Titre: Balzac et la petite tailleuse chinoise
Auteur: Dai Sijie
Catégorie: Litterature & Fiction
Editeur: Gallimard, collection Folio
Nombre de pages: 229 pages
Format 11 cm x 18 cm
ISBN 2070416801



1971. La Révolution culturelle lancée par Mao en 1966 pour reconquérir le pouvoir battait son plein. Avec l’aide active de l’armée, Mao mobilise à travers tout le pays ses partisans contre les "contre-révolutionnaires" et tous ceux qui, dans le parti, s’opposent à la ligne prolétarienne.

C'était dans ce contexte que Luo âgé de 18 ans et le narrateur 17 ans, deux jeunes qui avaient simplement terminé leurs 3 ans de collèges, étaient envoyés dans une région montagnarde, "le Phénix du Ciel", pour être rééduqués par des paysans pauvres.

Ils étaient assimilés à des "intellectuels", parce que leurs parents étaient considérés comme des ennemis du peuple. Et pourtant le père de Luo était un éminent dentiste et celui du narrateur médecin.

Soumis à des lourdes corvées telles que porter la merde sur le dos, où chaque faux pas pouvait leur être fatal, ils s'en étaient assez bien débrouillés pour survivre dans ces conditions austères.

Figurez-vous que ces montagnards sont si arriérés qu'ils ont envoyé nos deux amis à voyager dans la ville proche pour assister à des projections de films et revenir le leur raconter ? Ces jours de voyage qui étaient des jours de répit, heureusement.

Un jour ils firent la connaissance de la petite tailleuse.



Et entre les aventures avec la tailleuse et les travaux de rééducation s'insèrent des épisodes sur la découverte d'une malle contenant des livres occidentaux interdits. La puissance des mots: c'est ce que redoute le plus Mao, mais quel émerveillement pour nos 2 protagonistes à en faire la découverte à travers ce trésor caché dans cette malle tant convoitée dans le roman. Ils partagèrent leur passion de la lecture de ces livres avec la tailleuse.

Sous cette période révolutionnaire où l'interdit entravait jusqu'aux sentiments les plus simples, où les hommes perdirent tout, même leurs rêves, et où le livre n'y avait pas droit de cité, sauf ceux du grand Timonier, cette malle changea à jamais le cours de la vie de nos 3 jeunes gens.

Le roman de Dai Sijie s'il est remarquable par la naïveté de l'aspect romantique, n'en demeure pas moins un témoignage touchant et réaliste de cette sombre période de l'histoire. Il constitue également un témoignage précieux sur la puissance de la littérature sans laquelle nos deux jeunes héros ne conçoivent pas de vivre pleinement.

Prix Relay du Roman d'évasion 2000, ce premier roman de Dai Sijie, devenu best-seller a été traduit en 17 langues et déjà vendu en France à plus de 250 000 exemplaires.

Ma notation: 9/10


A propos de l'auteur

Dai Sijie est d’origine chinoise et vit en France. Avant d’être romancier, c'est d’abord un réalisateur qui compte à son actif 4 longs métrages, dont "Chine ma douleur" qui reçut le prix Jean Vigo en 1989 et "Un certain regard": Balzac et la Petite Tailleuse chinoise.

Le film est tout aussi brillant que le livre.

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mercredi, mars 23, 2005

Morituri de Yasmina Khadra

Titre: Morituri
Auteur: Yasmina Khadra
Catégorie: Polar
Editions: Baleine
ISBN: 2-84219-056-4
165 pages



Le commissaire Llob, vieux brisquard sinistre mais intègre, mène une enquête sur une femme disparue.

Au cours de son enquête il découvrira vite que toute cette histoire d'enlèvement baigne dans les milieux louches de la ville, depuis les trafiquants de drogue, en passant par les maquereaux et maquerelles gravitant dans l'orbite des nantis, jusqu'à ces nouveaux riches dont la voracité et l'arrogance n'ont pas de limite. Tous ceux qui se croient au dessus des lois.
Llob et ses adjoints poursuivront leurs recherches sur des pistes qui sentent la mort, souvent terrorisés, encore plus souvent menacés, victimes potentielles d'un système que personne ne contrôle plus.
C'est dans cette boue faite de corruptions et de meurtres, que les policiers finiront par trouver un début de vérité qui ressemble furieusement à un ticket sans retour pour l'enfer.

Ce polar est un mode d’expression pour comprendre une situation de crise de l'Algérie de l'époque. Il symbolise aussi la résistance.

Le style dans ce livre est très populaire, des fois proche de la vulgarité. Le language utilisé est cru et choquant. Ce qui est surprenant, c'est que l'auteur jongle avec habileté dans des figures de style et allégories redoutables. J'éprouve énormément de plaisir à les savourer.

Par contre du point de vue narration, je trouve qu'à certains moments l'action a tendance à traîner. Manque également l'aspect suspens. Franchement ce n'est pas du tout mon genre.

Ma note: 4/10.


A propos de l'auteur

Yasmina Khadra, de son vrai nom Mohammed Moulessehoul, était officier supérieur de l'armée algérienne.

Né dans les années 50 à Kenadsa, minuscule pont-levis du Grand Sahara, il a 9 ans quand son père l'expédie à l'école des cadets d'El Mechouar, forteresse militaire.

Là-bas, au milieu d'orphelins de guerre hurlant de terreur la nuit, et de sous-offs au coup de pied au cul ajusté, il va se construire seul un équilibre instable, et même un destin. Grâce à la littérature. A 10 ans, il n'est plus un enfant, mais déjà il a le métabolisme d'un écrivain, et déjà il porte l'uniforme d'un soldat.

D’abord désireux d’écrire en arabe, langue dont il vénère les écrivains et surtout les poètes, puis désavoué par un de ses professeurs, il opte alors pour la langue française.

En écrivant des histoires un peu trop réalistes se passant dans son pays, il craignait les représailles de son administration de l'époque.

C'est ainsi qu'il a choisi un pseudonyme féminin, emprunté aux deux prénoms de sa femme: Yasmina Khadra.

Yasmina Khadra prouve de façon éclatante que loin d'être l'écrivain circonstanciel d'une seule guerre, il est un grand romancier des combats intérieurs.

Il vit actuellement en France.

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mardi, mars 22, 2005

La stratégie Ender de Orson Scott Card



Titre: La stratégie Ender
Auteur: Orson Scott Card
Catégorie: SF
Editions: J'ai Lu 3781
ISBN: 2-290-30828-5
383 pages



Dans le cadre d'une école militaire où tous les coups ne sont pas permis et où les instructeurs manipulent les règles du jeu, un gamin de 6 ans, à son insu, est forcé d'apprendre de lui-même à se défendre, à surmonter les autres, son environnement, puis à trouver une stratégie pour vivre et survivre.

Puis, au fur et à mesure de son ascension dans la hiérarchie militaire, cet enfant devra affronter la solitude. Celle du pouvoir. En effet, la solitude est celle qui pèse le plus sur les épaules de ceux qui nous gouvernent ou nous dirigent. Tout ceci est décrit de la façon la plus banale et la plus simple que cela puisse être, parce que fait à travers la pensée d'un gamin !

Pendant ce temps, son frère et sa soeur, dans l'école de la vie, ont suivi un autre parcours pour devenir célèbres.

Très captivant. Entre ces trois parcours l'auteur nous mène de réflexion en réflexion à la façon dont ces trois gamins se sont construits leurs propres idées de la vie et de l'univers qui les entoure. L'observation constitue la base fondamentale de leurs stratégies. Observer pour imiter et ensuite pour dépasser. Faire toujours mieux pour vaincre, telle est la devise des dirigeants de cette armée.

Mais, mais … à partir de la page 300, l'action commence à se ralentir. A ralentir tellement que le lecteur se demande ce qui se passe, quelle sera la fin que l'auteur lui réserve. On lit dans l'expectative que quelque chose va arriver. Rien. Peut être plus tard ?

Toujours rien. C'est long c'est lent et on comprend à peine tellement c'est compliqué l'interférence entre la réalité et le réel.

Et puis, arrivé à la fin, le lecteur avide de rebondissements se pose la question suivante: à quoi servent les épisodes sur le frère et la soeur de notre héros, puisque à la fin, l'auteur n'y fait plus du tout mention. Est ce que les manipulations de Peter et de Val ont une influence quelconque sur la victoire finale de Ender ? Nul ne le saura, à moins qu'ils ne feront l'objet des prochaines épisodes des aventures de Ender.

Ce livre devrait intéresser les personnes passionnées d'échec et de stratégies. Il mérite bien son titre.

Sa lecture est relativement aisée., et je serai curieux de lire la suite …

Ma notation: 6/10

Ce livre est disponible en ring sur le site des bookcrosseurs suisses sous la rubrique Bookrings, Bookrays, Bookboxes.

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mercredi, mars 16, 2005

Da Vinci code de Dan Brown: un tissu de mensonges

Titre: Da Vinci code
Auteur: Dan Brown
Catégorie: Mystery & Thrillers
Editions: JC Lattès
ISBN: 2-7096-2493-1
576 pages


Petit résumé pour celles et ceux qui n'ont encore pas lu les 576 pages de ce best-seller: "Da Vinci Code" raconte l'histoire de Robert Langdon, spécialiste de symbiologie à l'Université de Harvard, appelé à Paris par Jacques Saunière, conservateur du Musée du Louvre.

Le jour où Langdon devait rencontrer Saunière, ce dernier a été assassiné. Langdon se retrouve au cœur d'un pseudo-complot où se mêlent Jésus, Marie-Madeleine, Léonard de Vinci, l'Opus Dei, le Prieuré de Sion, la cryptographie et les secrets du Vatican.

Dans ses conférences données à Paris et à Rome, Dan Brown révèle le soi-disant secret: le Graal n'est pas ce qu'on croyait. Le Graal, c'était une femme, Marie-Madeleine, épouse du Christ. Léonard de Vinci le savait. Victor Hugo aussi. Mais l'affaire a été étouffée par l'Eglise.

Fermez le ban, même si ces informations, suffisamment séduisantes pour être avalées par le lecteur, relèvent généralement de la pure fiction et non de la vérité historique.
Le succès de cet œuvre est axé essentiellement autour de sa clé de voûte que sont la cryptologie avec ses chiffres et ses anagrammes, Léonard de Vinci, l'Opus Dei, le Prieuré de Sion et les secrets du Vatican.

Néanmoins en tant qu'auteur de thriller Dan Brown a encore beaucoup à apprendre, tellement il néglige les détails. Des détails insignifiants diriez vous. Par exemple des narrations superflues dans un certain contexte, des imprécisions sur certains lieux dans Paris (qui ne laissent pas indifférent nos amis Parisiens) comme dans la description de l'intérieur du Louvre. En plus ses théories sur les chiffres, à part la suite de Finabocci, ne tiennent pas la route (cf. les anomalies relevées à ce sujet à la fin de cet article).

Dommage ! Ce bémol mis à part, l'œuvre est quand même remarquable dans l'ensemble. Sincèrement parlant, j'ai beaucoup apprécié sa lecture, car je l'ai littéralement dévoré en l'espace d'une semaine ! En zappant bien naturellement les parties historiques et narratifs sans aucune valeur ajoutée.

En tant que romancier, il ne vaut pas un Jean-Loup Sulitzer et encore moins John Grisham pour ne citer que mes deux favoris. Les deux sont champions dans l'art fantasmatique de la fiction policière, l'un spécialisé dans tout ce qui touche la finance et l'autre le juridique. Et j'oublie encore Umberto Ecco avec "Le nom de la rose", un roman du même style mais qui était cent mille lieues au dessus de cette littérature d'aéroport.

In fine le cas Dan Brown illustre bien comment une médiatisation poussée et bien dosée arrive à mobiliser un public incrédule. Comme quoi la qualité d'un livre reflète le niveau intellectuel de ses lecteurs !

Par rapport aux autres thrillers que j'ai aimé, je lui donne une note de 6/10 pour l'aspect intrigue.


Trouver l'erreurPour la petite histoire, j'ai lu certains passages avec une calculatrice à la main:


- p. 120 Dan Brown parla du nombre PHI (1,618), en affirmant que celui-ci était célèbre parce que chacun des chiffres correspondait à la somme des 2 précédents.
Inexact !
La preuve:
1+6=7, aucun chiffre 7 dans ce nombre
6+1=7, même remarque que supra mentionné.

- p. 120 l'auteur affirma que les quotients entre 2 chiffres adjacents s'approchaient tous du nombre 1,618.
Pas totalement juste !
Pour preuve:
1/6 =0,1666: correct ! Mais
1/8=0,125, donc pas proche du nombre 1,618

- p. 219: il s'agit d'une succursale d'une banque suisse à Paris ouverte 24h/24. On voit que DB ne connaît rien aux banques suisses et encore moins sur les revendications sociales des travailleurs français !
Sans compter sa nullité en matière de LBA (loi sur la lutte contre le blanchiment de l'argent sale): en effet, il a écrit que la garantie d'anonymat qu'offraient les banques suisses étaient depuis longtemps un formidable aimant pour les capitaux du monde entier. Une foutaise ! On ne dépose pas comme ça, dans une banque, des valeurs sans aucun contrôle de la part de ses employés.
Heureusement pour lui que cette banque zurichoise de dépôt n'existe que dans son imagination.

- La pyramide du Louvre: DB a évoqué les 666 vitraux pour la pyramide du Louvre, ayant, semble-t-il été sur la volonté de François Mitterand. En fait, selon les sources du Louvre, les panneaux de verres sur la pyramide sont au nombre de 673. Complètement grotesque cette rumeur qui a voulu faire passer Mitterand pour le diable incarné.

- Enfin, les interprétations sur les toiles de Leonard de Vinci ne sont que purs mensonges.

Avez-vous trouvé d'autres anomalies ?
La chasse est ouverte. Bonne chance !

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mardi, mars 01, 2005

LA DOUCE EMPOISONNEUSE de Arto Paasilinna

FICHE

Titre
: La douce empoisonneuse
Auteur: Arto Paasilinna
traduit du finnois par Anne Colin du Terrail
Catégorie: Litterature & Fiction
Editions: Denoël
Collection: Folio
ISBN: 2-07-042577-0
Format: 11 cm x 18 cm
Nombre de pages: 255


Une maisonnette rouge flanquée d'un petit sauna en bois gris, non loin d'Helsinki. Linnea, la douce veuve du colonel Ravaska, mène une existence paisible a soigner ses violettes et son chat. Pourtant chaque mois, le jour ou elle touche sa pension, un trio maudit, conduit par son neveu, s'invite sous son toit pour la détrousser. Lorsque ses visiteurs ne se contentent plus de sa maigre retraite et exigent un testament a leur avantage, c'en est trop...

Cynique mais rempli d'humour. Satire moqueuse de la société finlandaise. Dans cette aventure de la veuve d'un colonel, l'auteur ne s'est pas trop encombré de considérations éthiques. . Heureusement que ce n'est qu'un roman, la réalité serait ô choquante !

Ce livre m'a beaucoup plu.

Ma notation: 7/10

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