vendredi, mai 13, 2005

Le libraire de Régis de Sa Moreira

Fiche:
Titre: Le libraire
Auteur: Régis de Sa Moreira
Catégorie: Roman et fiction
Editeur: Au Diable Vauvert
Nombre de pages: 190
ISBN: 2-84626-071-0



Ce roman évoque la vie au quotidien d'un libraire à travers des petites histoires toutes aussi inimaginables les unes que les autres.

Le tout sur 190 pages ! Racontées d'une manière très simple. Certaines sont vraiment choux, oui choux. Toutes ces scènes se déroulent dans le cadre étroit d'une petite librairie dans un pays, une ville. Une librairie parmi tant d'autres.

Le libraire est un personnage singulier avec ses sauts d'humeur, sa façon très originale de communiquer avec sa famille.
On découvre également un discours intérieur du libraire sur le temps qui passe, de sa nostalgie, de ses souvenirs. Ses sentiments et sa solitude y sont exprimés avec charme.

Mis à part le libraire et sa librairie, il y a aussi les livres, composantes sans lesquelles les deux premiers éléments n'ont aucun sens.
Il y a beaucoup de livres, on aurait dû s'en douter.

Ce libraire considère ses livres comme des animaux enfermés dans un zoo, et lui leur gardien. Il les nourrit d'une façon bizarroïde.

Il rêve d'eux. Et il lit beaucoup. Il ne fait que ça à longueur de journée.

Il y a aussi des petites histoires avec chacun de ses clients: des clients réguliers, des clients de passage, des femmes comme des hommes, certains sympathiques, d'autres beaucoup moins. Sans oublier les apparitions épisodiques des témoins de Jéhovah.

Et l'épisode du Dalaï Lama assez loufoque.

Entre deux clients, un poudoupoudoupoudou, une tisane, pas toujours la même, mais une tisane.

De temps en temps le libraire fait allusion à un iceberg dans sa conversation, mais son interlocuteur ne comprend pas l'inter-relation entre cet iceberg avec le contexte de l'histoire dans lequel il apparaît.

La dernière histoire: une tendresse de la conclusion.

Enfin beaucoup de sagesse, de philosophie, d'ironie et d'humour. Tout un micro univers autour du thème du livre, de la librairie, du libraire et de ses clients.

Afin de vous en faire une idée, en voici quelques meilleurs extraits:

Le libraire croyait à la vie après la mort et sa croyance était assez simple : il croyait simplement que chacun trouverait après la mort ce à quoi il avait cru.
Le libraire pensait que croire c'était créer.
Que ceux qui croyaient au paradis et à l'enfer, ainsi qu'à toutes les règles qui les dirigeraient vers l'un ou vers l'autre, trouveraient, et très exactement selon ces règles en lesquelles ils avaient cru, le paradis ou l'enfer.
Que ceux qui croyaient en la réincarnation, ainsi qu'à toutes les règles qui la détermineraient, trouveraient, et encore une fois selon ces règles que sans le savoir, en croyant, ils feraient exister, telle ou telle incarnation.
Que ceux qui croyaient au néant trouveraient le néant.
Que ceux qui ne croyaient en rien ne trouveraient rien.
Que ceux qui croyaient en autre chose, et la liste de ces choses était longue, trouveraient simplement cette chose en laquelle ils croyaient, qu'ils la craignent ou qu'ils l'espèrent, du moment qu'ils y croyaient, et toujours selon les règles qu'ils y ajoutaient.
Et que la liste des choses d'après la mort aurait exactement la même longueur que celle de ces croyances.
Fin de citation.

Reposante comme lecture, même remplie de non sens.

Je l'offre en bookring. Inscrivez vous mais je vous répondrai dès mon retour de vacances, soit le 06.06.05.

Ma notation: 7/10

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mercredi, mai 11, 2005

Jade et les sacrés mystères de la vie de François Garagnon



FICHE:
Titre: Jade et les sacrés mystères de la vie
Auteur: François Garagnon
Éditions: Monte-Cristo
Catégorie: Roman et fiction
Nombre de pages: 125
ISBN: 2-909403-09-2




Ce livre présente un discours chrétien sur la vie.

Pour Jade notre existence est remplie de joie et bonheur grâce à la bonté de Dieu et du Saint Esprit. Et si vous ne comprenez pas son message, c'est que vous ne l'écoutiez pas "à l'étage au-dessus" pour reprendre l'expression employée par Jade.

En effet Jade prétend, dans ce livre, "qu'un mot, c'est comme une pomme; il faut mordre dedans pour en découvrir la saveur cachée, le fruissance." Sauf que la pomme qu'elle nous offre n'a de beauté que la finesse des mots. Si au moins elle ramène ses métaphores à leurs expressions d'humour et de tendre poésie, au moins la lecture prendra une autre tournure.

Des exagérations. Tirer une flèche en plein dans le mille dans l'obscurité totale grâce à la force de Monsieur Esprit. En substance le lecteur comprend ce que cela veut dire. Mais l'auteur va trop loin en rendant poétique l'art de maîtriser le souffle, le zen dans le tir à l'arc. Trop facile à parlotter, même avec beaucoup de paraboles, mais pas si évident à le faire.

Enfin, pour finir, c'est un peu lassant comme discours. En effet, dans les notes de lecture j'ai vu que des personnes ont abandonné en cours de chemin ! (cliquer ici)

Point de vue poésie Jade a une vision philosophique pénétrante à travers des mots simples et fabriqués en la circonstance. Si vous faites abstraction des éléments trilogiques que sont Dieu et le Saint Esprit, certains chapitres sont remplis d'esprit Zen: la force intérieure, le lâcher prise, l'amour universelle, l'esprit positif … des notions qui ne sont pas le monopole du christianisme.

Livre qu'il faut considérer à sa juste valeur. A lire au premier degré.

Ma notation: 4/10

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mardi, mai 10, 2005

Lettre à un otage d'Antoine de Saint-Exupéry


FICHE:

Titre: Lettre à un otage
Auteur: Antoine de Saint-Exupéry
Catégorie: Roman et fiction
Editeur: Folio
Nombre de pages: 73
ISBN: 2-07-031703-X



La genèse
Saint-Exupéry se rend à Saint Amour, dans le Jura, en octobre 1940, où s'est réfugié Léon Werth. Celui-ci lui confie le manuscrit d'un récit de l'exode, intitulé Trente-trois jours, que Saint-Exupéry emportera aux États-Unis. Saint-Exupéry était chargé de rédiger une préface pour ce livre et de le faire éditer. Mais Trente-trois jours ne paraîtra pas…

Quant à la préface, longuement mûrie, elle deviendra la Lettre à un otage qui paraîtra, de façon indépendante, en juin 1943. Le grand éloge de Léon Werth et les références à son nom ont été supprimés. Werth garde secrètement son identité, mais il représente désormais la France qui souffre sous l'occupation allemande.

La Lettre à un otage se fonde sur des moments réels de la vie de Saint-Exupéry : son passage au Portugal en décembre 1940, son séjour au Sahara, ses reportages en Espagne au cours de la guerre civile, sa situation aux États-Unis.

Commentaires
Très philosophique et rempli d'une profonde tristesse comme d'une nostalgie sans nom. Mais quelle guerre ne génère-t-elle pas tristesse et désolation ?

Tristesse au moment du passage de l'auteur au Portugal:
Et je trouvais Lisbonne, sous son sourire, plus triste que mes villes éteintes. J'ai connu, vous avez peut-être connu, ces familles un peu bizarres qui conservaient à leur table la place d'un mort. Elles niaient l'irréparable. Mais il ne me semblait pas que ce défi fût consolant. Des morts on doit faire des morts. Alors ils retrouvent, dans leur rôle de morts, une autre forme de présence.

Mélancolie concernant la traversée du désert:
Il est un silence de la paix quand les tribus sont conciliées, quand le soir ramène sa fraîcheur et qu'il semble quel'on fasse halte, voiles repliées, dans un port tranquille. Il est un silence de midi quand le soleil suspend les pensées et les mouvements. Il est un faux silence, quand le vent du nord a fléchi et que l'apparition d'insectes, arrachés comme du pollen aux oasis de l'intérieur, annonce la tempête d'est porteuse de sable. Il est un silence de complot, quand on connaît, d'une tribu lointaine, qu'elle fermente. Il est un silence du mystère, quand se nouent entre les Arabes leurs indéchiffrables conciliabules. Il est un silence tendu quand le messager tarde à revenir. Un silence aigu quand, la nuit, on retient son souffle pour entendre. Un silence mélancolique, si l'on se souvient de qui l'on aime.

Enfin un désespoir immense face à la violence humaine, à la condition humaine précaire et aux droits de l'homme bafoués:
Mais voici qu'aujourd'hui le respect de l'homme, condition de notre ascension, est en péril. Les craquements du monde moderne nous ont engagés dans les ténèbres. Les problèmes sont incohérents, les solutions contradictoires. La vérité d'hier est morte, celle de demain est encore à bâtir. Aucune synthèse valable n'est entrevue, et chacun d'entre nous ne détient qu'une parcelle de la vérité. Faute d'évidence qui les impose, les religions politiques font appel à la violence. Et voici qu'à nous diviser sur les méthodes, nous risquons de ne plus reconnaître que nous nous hâtons vers le même but.

Devant ce dilemme que faire ?
Le voyageur qui franchit sa montagne dans la direction d'une étoile, s'il se laisse trop absorber par ses problèmes d'escalade, risque d'oublier quelle étoile le guide. S'il n'agit plus que pour agir, il n'ira nulle part.

A méditer.

Ma notation: 7/10

J'ai reçu ce livre dans le cadre d'un bookring. Comme je suis le dernier de la liste, si personne ne s'inscrit chez moi, je le libère dans la nature.



L'AUTEUR


Antoine de Saint-Exupéry

Né à Lyon, le 29 juin 1900, Antoine de Saint Exupéry effectue dès l'âge de 12 ans son baptême de l'air.
Sa passion pour les avions ne le quittera plus. Puis il fréquente l'Ecole Navale et les Beaux-Arts. Son service militaire le forme à l'aviation. Il entre alors dans l'aventure de la poste aérienne.

Nommé chef d'escale de Cap Juby, dans le Sud marocain , il y croise Guillaumet et Mermoz. En leur compagnie, Saint-Exupéry part pour l'Amérique du Sud afin d'y étudier la possibilité de créer de nouvelles lignes aériennes.

Nommé Directeur d'Aeropostal Argentina, à Buenos Aires, il crée la ligne qui relie l'Argentine à la Patagonie.

Puis il revient en France. Devenu pilote d'essai, il accomplit des missions périlleuses (nombreux accidents d'avions), tout en exerçant des activités de journaliste pour quelques grands reportages en Espagne et en Allemagne.

Sans participer activement à la vie politique, Antoine de Saint Exupéry affirme très tôt ses convictions anti-fascistes et anti-nazies.
Le 11 avril 1931, il épouse la journaliste argentine Consuelo Suncin à Nice.

Pilote de reconnaissance en 1939, démobilisé en 40, exilé ensuite aux États-Unis, il reprend en 1942 l'entraînement avec le grade de commandant.

Il réclame plusieurs missions de reconnaissance qu'on finit par lui accorder.
Le 31 juillet 1944, il s'envole pour une neuvième mission sur Grenoble et Annecy. Il ne rentrera pas ...


Bibliographie
• Courrier Sud (1929)
• Vol de Nuit (1931), Prix Fémina
• Terre des Hommes (1939), Grand Prix du Roman de l’Académie française
• Pilote de Guerre (1942)
• Lettre à un Otage (1943)
• Le Petit Prince (1943): plus de sept millions d’exemplaires
• Citadelle (oeuvre posthume, 1948)

CITATIONS

«Aimer, ce n'est pas se regarder l'un l'autre, c'est se regarder ensemble dans la même direction.»

«On ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux.»
«La perfection est atteinte non quand il ne reste rien à ajouter, mais quand il ne reste rien à enlever.»

«Si tu veux comprendre le mot de bonheur, il faut l'entendre comme récompense et non comme but.»

«Nous n'héritons pas la terre de nos ancêtres, nous l'empruntons à nos enfants.»

«L'avenir, il ne s'agit pas de le prévoir, mais de le rendre possible.»


Site officiel d'Antoine de Saint Exupéry: Cliquer ici

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samedi, mai 07, 2005

Une prière pour Owen de John Irving


Titre: Une prière pour Owen
Auteur: John Irving
Catégorie: Roman
Editions: Seuil
ISBN: 2020107120
Nombre de pages: 664



C'est mon premier Irving. Je l'ai découvert par hasard, à l'époque où je fréquentais régulièrement les bibliothèques municipales de Genève pour trouver des joyaux de lecture. Un jour j'ai rencontré un collègue de travail dans une bibliothèque en train de feuilleter ce livre. Curieux comme je suis, j'ai pris un double exemplaire à côté, l'ai feuilleté moi aussi, puis l'ai emprunté.

Voilà pour la petite histoire de ma rencontre avec John Irving.

Ensuite, dans la lancée de mes lectures, j'ai voulu découvrir plus cet auteur, ce qui m'avait fait découvrir le Monde selon Garp.

Je ne sais pas si c'est psychologique, mais je suis amoureux de ce roman plus que l'autre car je l'avais découvert en premier, et c'est ainsi.

Une des premières raisons est qu'il revêt un aspect émotionnel plus marqué.

Il s'agit de l'histoire d'un garçon, Owen Meany, copain de John, l'être le plus petit qu'il n'a jamais rencontré.

Collégien, Owen Meany, au cours d'un match, avait percuté la tempe de la mère de John avec sa balle de batte et l'avait tué ! Une mort instantanée. Ainsi sa fameuse balle de blatte était entrée dans l'histoire de leurs vies.

Owen, envahissant, voudrait tout connaître de la famille de son ami, y compris ses cousins:
- TU POURRAIS ME LES PRESENTER CHEZ TOI, QUAND ILS VIENDRONT POUR THANKSGIVING, suggéra-t-il. C'EST DROLE QUE TU NE M'INVITES JAMAIS QUAND ILS SONT LA.

A eux ils vécurent des histoires d'enfance vraiment hilarantes.

On peut citer le passage sur le choix de l'Eglise rempli d'intérêts théologiques. Des paraphrases non dénudés de bon sens:
Bizarrement, loin de tout combat idéologique, l'union de Dan et de ma mère fut l'objet d'une double approbation; congrégationalistes et épiscopaliens faisant la cour à Dan et à ma mère pour les attirer au sein de leur Église !
Ce qui rendait Mr. Merrill mille fois plus attachant, c'est qu'il était bourré de doute; c'est notre doute à nous qu'il exprimait avec une sympathique éloquence. Considérée avec sa lucidité convaincante, la Bible est un livre au récit troublant, mais un récit compréhensible: Dieu nous crée par amour, mais nous ne voulons pas de Dieu, ou nous ne croyons pas en Lui, ou nous ne lui prêtons qu'une attention distraite. Néanmoins, Dieu persiste à nous aimer, au-delà du possible, et continue à vouloir éveiller notre intérêt. Le pasteur Merrill faisait apparaître la religion comme raisonnable. Et dans la foi, disait-il, le tour consiste à croire en Dieu sans tout attendre de Lui.
Bien qu'il connût les meilleurs épisodes de la Bible, ou les moins ennuyeux, Mr. Merrill avait le don de nous faire comprendre que le doute est l'essence même de la foi, et non son contraire.

Quand on arrive au fameux chapître consacré à "LA VOIX", le lecteur commence enfin à comprendre pourquoi dans tout le roman les paroles d'Owen sont toujours imprimées en caractères majuscules:
"PARCE QUE CA ATTIRERA TOUT DE SUITE L'ATTENTION DU LECTEUR."

Rédacteur de "La Voix", journal du collège, les articles de notre héros regorgent de polémiques.

A propos d'un élève qui fut renvoyé pour avoir tué des chats et que les autres furent prompts à le juger cinglé, Owen écrivait:
« QUI SOMMES-NOUS POUR JUGER AUTRUI ? J'AI ASSASSINÉ DES CRAPAUDS ET DES TÊTARDS - J'AI ACCOMPLI LE GÉNOCIDE DE CRÉATURES INNOCENTES ! » Il décrivait, sans fard mais avec regret, ses massacres; bien qu'il confessât sur sa lancée son petit vandalisme sur la statue de Marie-Madeleine, je souris, voyant qu'il ne présentait aucune excuse aux nonnes de Saint Michael; il ne s'excusait qu'auprès des têtards et des crapauds.

Au sujet d'un autre élève qui fut renvoyé pour avoir bu de l'alcool, on lisait dans ce journal:
Owen affirma que boire en solitaire était moins répréhensible qu'inciter les autres à boire, et que, de plus, certaines façons de boire étaient « MOINS DESTRUCTRICES QUE LE HARCÈLEMENT CONTINUEL DES ÉLÈVES QUI NE SONT PAS "COOL" PAR CEUX QUI CROIENT QUE C'EST "COOL" DE SE MONTRER GROSSIER ET BRUTAL, TANT VERBALEMENT QUE PHYSIQUEMENT. LES BRIMADES CRUELLES ET DÉLIBÉRÉES CAUSENT PLUS DE DÉGÂTS QUE L'ALCOOL. LES ÉTUDIANTS QUI TOURMENTENT ET MOLESTENT LEURS CONDISCIPLES PLUS FAIBLES SONT COUPABLES D'UN CRIME BIEN PLUS GRAVE QU'UNE CUITE, EN PARTICULIER QUAND CETTE CUITE NE FAIT DE MAL QU'À SOI-MÊME ».

Il utilise aussi ce journal comme moyen pour se rebeller contre les injustices commises par les autorités du collège. A ce titre, l'anecdote de la coccinelle du docteur Dolder, un zurichois qu'Owen considère comme con et soulard. Un jour il a fait déplacée cette coccinelle sur la scène de la Grande Salle du bâtiment principal de son collège, sans une seule égratignure. Toute cette mascarade parce que le Docteur la parquait sur l'allée circulaire et empêchait la semi-remorque d'Owen de passer. Anecdote qui mettait en dérision tout le corps professoral et qui finit de la façon suivante:
Dans la première séance qui suivit la destruction de la Coccinelle, le Dr Dolder attaqua Owen par ces mots:
"Je sais que vous me haïssez, oui ? Mais pourquoi me haïssez-vous ?
- JE DETESTE ETRE OBLIGE DE VOUS VOIR, MAIS JE NE VOUS DETESTE PAS. PERSONNE NE VOUS HAIT, DOCTEUR !"
"Et qu'a-t-il répondu à cela ? demandai-je à Owen Meany.
- IL EST RESTE SILENCIEUX UN BON MOMENT - JE CROIS QU'IL PLEURAIT.

La dernière partie du livre aborde l'engagement du gouvernement américain au Viêt-Nam. Pour avoir une bourse d'études Owen s'engagea dans l'armée. Et vous l'aviez deviné, voila la fin qui arrive, une si triste fin.

Très émouvant.

Il y a une prière que je dis essentiellement pour Owen. Une des petites prières qu'il avait dites pour ma mère, la nuit où Hester et moi nous l'avions trouvé dans le cimetière; il avait apporté sa torche électrique, sachant que ma mère avait horreur du noir.
« "QUE LES ARCHANGES TE CONDUISENT AU PARADIS" », avait-il dit sur la tombe de ma mère; c'est cette prière que je prononce à son intention; je sais qu'il l'aimait bien. Je dis toujours des prières pour Owen Meany.

Cette lecture est ma deuxième de cet immémorable ouvrage. Je peux vous assurer que même en le relisant une troisième, voire une quatrième fois, mes prochaines notes de lecture ne seront pas forcément les mêmes, avec les mêmes ingrédients. Je découvre de nouveaux éléments à chaque fois. On parie pour d'ici une année ?

Irving est-il un visionnaire ? En regardant ce qui se passe actuellement en Irak, il y a quand même beaucoup de similitudes avec ce qui s'était passé au Viêt-Nam. Quoique les hommes au pouvoir ont changé mais la mentalité reste la même, jusqu'au déclin de l'Empire américain. L'histoire nous dira si j'ai raison ou pas:
Que savent les Américains de la moralité ? Ils n'admettent pas que leurs présidents aient des pénis, mais se moquent que leurs présidents se débrouillent pour soutenir en secret les rebelles du Nicaragua, malgré l'opposition du Congrès ; ils refusent que les présidents trompent leurs épouses, mais s'en fichent si leurs présidents trompent le Congrès, mentent au peuple et violent la Constitution du peuple !
Oh, quel pays de moralistes est l'Amérique ! Avec quelle délectation les Américains exposent en pleine lumière leurs turpitudes sexuelles ! Dommage qu'ils n'appliquent pas cette règle de moralité à leur président quand il se met hors la loi ; dommage qu'ils ne mettent pas un zèle équivalent à purger une administration qui fournit des armes aux terroristes. Mais, bien sûr, le moralisme du plumard nécessite moins d'imagination et surtout moins d'effort que la surveillance de la politique internationale...

Ma notation: 10/10


La genèse de son ouvrage par John Irving:


Les années soixante ont marqué le début de la détérioration morale de l'Empire américain; l'échec des libéraux pour endiguer le développement d'une aile droite antidémocrate aux Etats-Unis; la division du peuple américain, qui persiste à l'heure actuelle quant à la crédibilité qu'on peut accorder à l'état-major présidentiel; la désaffection de la jeunesse pour le Gouvernement – à commencer par ces hommes dont la jeunesse a vécu les années-Vietnam (la fameuse génération Vietnam), y compris les actuels moins de trente ans, ces derniers se désintéressant totalement de l'activité politique, et considérant avec cynisme tout politicien.
Tel était l'arrière-plan du roman: un regard sur les années soixante, qui jugerait la période sans complaisance. Deux jeunes garçons grandissent pendant les années-Vietnam; ils perdent leur innocence au moment où le pays perd la sienne dans les duperies et les polémiques de la guerre; l'un deux finira en héros décoré (et en victime de la guerre), et l'autre – son meilleur ami et témoin – deviendra un anti-américain en colère, exilé au Canada. Une prière pour Owen est une prière pour les Etats-Unis, au sens où Owen incarne le grand idéaliste américain qui nous a quittés, qui n'existe plus.

Mais l'arrière-plan social et politique d'un roman est toujours moins important pour moi que l'histoire elle-même, et ses principaux protagonistes. Mes romans n'entendent pas convaincre le lecteur à la manière d'un plaidoyer; je n'essaie pas de vous démontrer la justesse de mes idées. Non; si mes romans doivent vous convaincre, c'est sur le plan de l'émotion, par sympathie ou affection pour mes héros; c'est l'histoire elle-même qui doit vous inciter à la lire, afin d'en connaître la suite.

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mercredi, mai 04, 2005

Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part de Anna Gavalda


FICHE:
Titre: Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part
Auteur: Anna Gavalda
Catégorie: Litterature & Fiction
Editeur: Le Dilettante
Nombre de pages: 218
Format 12x18cm
ISBN 2-84263-025-4

Ce recueil de douze nouvelles est le premier livre publié d'Anna Gavalda. Des histoires au quotidien, qui arrivent à vous et à moi, à tout le monde. Toutes pleines de simplicités, de romance et de charme.

L'auteur a mis en exergue les fantasmes et rêves enfouis à l'intérieur de nos subconscients: la recherche de l'amour, de l'âme sœur. Il ose exprimer tout haut ce que nous pensons bas.

C'est pourquoi nous ne pouvons que retrouver un peu de nous même dans chacune de ces nouvelles.


Pratiques germanopratines
Un brin de regard, un échange de conversation anodin, puis un rendez vous. Tout l'espoir placé dans cette nouvelle rencontre, jusqu'à ce qu'un grain de sable ne vienne gâcher la partie.


I.I.G.
L'attente d'un bébé. Dans l'esprit de cette femme se profilent des projets. Elle s'imagine déjà son existence de mère, sa vie avec son bébé. Jour après jour elle se prépare minutieusement à sa future tâche de maman. Les séances d'échographie. Des supputatons sur le sexe de l'enfant. Jusqu'au jour où …
J'ai apprécié tout le charme de la narration qui couvre cette nouvelle.

Cet homme et cette femme
La nouvelle la plus courte des douze. Rien ne va plus entre cet homme et sa femme, sauf l'apparence.

Ambre
Un mec s'est épris d'une femme. Timide il ne sait pas la façon la plus appropriée de la séduire. En fait, c'est lui qui a mordu à l'hameçon.

Permission
Un type en service militaire rentre chez lui, en permission. Durant le trajet du retour il se remémorise ses aventures de soldat, le ramassis d'abrutis de mecs avec qui il vit, il dort, il bouffe et il fais le gugus. Il envie son frère plus chanceux que lui. Il arrive à la gare de l'Est, il espère secrètement que quelqu'un l'attende. Il sait bien que sa mère est au boulot à cette heure mais il a toujours cet espoir débile.
A la maison on fête son anniversaire. Son frère a emmené une fille, Marie. Ils se la disputent au baby-foot. Il perd la partie. Mais la nuit, quand tous les feux sont éteints, la voici qui s'offre à lui d'une manière inattendue.

Le fait du jour
Un agent commercial, lors d'une tournée auprès de ses clients, dans le brouillard, a reculé sur l'autoroute pour ne pas rater une sortie vers la Z.I. de Bourg-Achard.
Le soir il regarde les infos régionales à la télé: 8 morts et 60 blessés sur l'autoroute, des voitures broyées comme des canettes, des poids lourds. Un routier interviewé a raconté avoir vu un connard reculer pour rattraper la sortie Bourg-Achard. Une voiture a ralenti mais les autres, qui n'ont pas freiné à temps s'y sont encastrées.
Et puis le demain les grands titres des journaux: l'effarante hypothèse d'une fausse manœuvre. Du coup il se sent perturbé, avoue la vérité à sa femme. Celle-ci lui supplie de ne rien faire …

Catgut
Une femme vétérinaire à la campagne s'est fait appelée en pleine nuit pour une visite au bétail chez un paysan. Elle tombe sur une bande de soulards qui la violent. Profitant de leurs états d'ébriété avancée qui les a rendu inoffensifs, elle leur a administré à chacun une dose de Ketamine, mis ses gants stériles et les a émasculés. Elle retourne tranquillement chez elle régler ses affaires courantes avant de se dénoncer à la police.



Junior
Poussé par un copain, un adolescent "emprunte" la Jaguar de son père pour aller draguer les filles lors d'une fête d'été. Au retour il renverse un sanglier. Les deux jeunes embarquent cet animal sur le siège arrière de la voiture. Quelques kilomètres plus loin. Le sanglier se réveille, et c'est une vraie cata !!!


Pendant quelques années
Une histoire d'amour qui finit un jour puis refait surface après tant d'années.
Largué par sa copine, le jeune homme s'était marié. Pendant des années il se remémorisait les bons moments passés avec cette nana. Puis un beau jour il reçoit un coup de fil de celle-ci. Ils se revoient.

Quelques extraits:
Je t'appelle parce que j'ai envie de revoir ton visage. C'est tout. C'est comme les gens qui retournent dans le village où ils ont passé leur enfance ou dans la maison de leurs parents... ou vers n'importe quel endroit qui a marqué leur vie.

Tant d'années qu'il regardait avec une tendresse de merde le temps de sa jeunesse. Toujours, quand il pensait à elle, il relativisait, il faisait semblant d'en sourire ou d'y comprendre quelque chose. Alors qu'il n'avait jamais rien compris.
Il sait parfaitement qu'il n'a aimé qu'elle et qu'il n'a jamais été aimé que par elle. Qu'elle a été son seul amour et que rien ne pourra changer tout ça. Qu'elle l'a laissé tomber comme un truc encombrant et inutile. Qu'elle ne lui a jamais tendu la main ou écrit un petit mot pour lui dire de se relever. Pour lui avouer qu'elle n'était pas si bien que ça. Qu'il se trompait. Qu'il valait mieux qu'elle. Ou bien qu'elle avait fait l'erreur de sa vie et qu'elle l'avait regretté en secret. Il savait combien elle était orgueilleuse. Lui dire que pendant douze ans elle avait morflé elle aussi et que maintenant elle allait mourir.
Fin de citation.


Clic clac
Super cette nouvelle. Ma préférée.
Depuis cinq mois et demi un type est amoureux de Sarah Briot, une responsable des ventes. Ce type partage son appartement avec ses deux sœurs: Myriam et Fanny. Myriam, l'aînée, change d'amant comme on change de chemise. Fanny la cadette est fidèle et romantique. A deux elles mettent son appartement sens dessus sens dessous. Marre, il décide un beau jour de déménager.
Les premières semaines il dormait sur un matelas à même le sol. Mal au dos il a acheté un clic clac, sorte de canapé-lit.
L'incroyable s'est produit: un beau jour Sarah se fait inviter chez lui … Devinez la suite romantique …


Epilogue
Une femme écrit des nouvelles qui parlent de tout mais surtout d'amour. Elle envoie son manuscrit à un éditeur. Trois mois plus tard elle reçoit une convocation, y va. Son esprit prévoi des projets d'avenir. Elle délire déjà en pensant à ses séances d'autographes et d'emmener son mari dans le restaurant le plus chic de Paris.
Mais hélas l'éditeur, au cours de l'entretien, lui a signifié son refus de publier. Le monde autour d'elle s'écroule. Elle est restée coincée sur place, sans bouger, jusqu'à la fermeture des bureaux.
En sortant, elle a croisé une jeune femme belle, sensuelle, racée, qui attendait son amoureux. Elle lui fait cadeau de son manuscrit.

Ma notation: 6/10

Livre offert en ring. Me contacter pour le recevoir.

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lundi, mai 02, 2005

Le livre de Dina Tome 1 (Les limons vides) de Herbjorg Wassmo

FICHE:


Titre: Le livre de Dina Tome 1 Les limons vides
Auteur: Herbjorg Wassmo
Éditions Gaïa et 10/18, domaine étranger,
traduit du norvégien par Luce Hinsch
Catégorie: Roman et fiction
Editions: Domaine étranger 10/18
Nombre de pages: 172 pages
ISBN: 2-264-03482-3


Parcours mouvementé d'une enfant capricieuse et trop gâtée.

A cause d'une imprudence de sa part, Dina a tué sa mère à l'âge de 5 ans.

Rétive et insupportable, elle n'en fait qu'à sa tête. Les problèmes s'amplifiaient au fur et à mesure qu'elle grandissait. Des gamineries en tout genre, des coups vaches contre sa belle-mère.
Se retranchant derrière un mutisme, elle s'adonnait à son sport favori: l'équitation et sa passion: jouer la violoncelle. Sans oublier la lecture de la Bible.

Le cours de sa vie a pris une autre tournure le jour de son mariage. Les soucis causés à son père étaient reportés sur son mari.

Un comportement qui fait fi de l'étiquette, du protocole et des convenances sociales. A la limite de l'éthique.

N'en pouvant plus, son mari a craqué. Rien ne va plus entre le couple. Jusqu'au point de non retour … L'inévitable est arrivé. On s'en est douté.

Décrit par Herbjorg Wassmo avec beaucoup de sensualité et de simplicité.

Ce livre a été offert en bookring sur
le site romand du Bookcrossing par Gwendoline1 .

Ma notation: 6/10


BIOGRAPHIE

Herbjorg Wassmo

Née en 1942, cette écrivain contemporaine, déjà lauréate de plusieurs prix, est l'une des plus lues en Norvège à l'heure actuelle. L'ouvrage qui l'a faite connaître en Norvège, mais aussi à l'étranger, est la trilogie de Tora. Les 3 volets qui constituent cette trilogie sont :

- La véranda aveugle
- La chambre silencieuse
- Ciel cruel

Elle a sorti une deuxième trilogie, Le livre de Dina, tout aussi poignante et passionnante que la première:
- Les limons vides
- Les vivants aussi
- Mon bien-aimé est à moi.

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